Cap Ferrat

Cap Ferrat

« le paradis retrouvé » de la Côte d’Azur (selon des sources de publications en ligne)

Le cap Ferrat est une presqu’île en forme de goutte d’eau présentant son côté le plus étroit à la côte, entre Nice et Monaco. Sur le territoire du cap, les villas les plus chères du monde immergées dans la verdure, côtoient le petit village de Saint-Jean, autrefois village de pêcheurs, dont la baie s’est transformée aujourd’hui en port de plaisance. 

Grâce à son emplacement unique, le cap Ferrat a durant le dernier siècle  attiré les têtes couronnées de toute l’Europe, les célébrités du monde politique, de l’art, du sport et de simples milliardaires. Parmi eux, il est possible de citer le roi de Belgique Léopold II, l’écrivain Somerset Maugham, le philosophe Friedrich Nietzsche, la famille Rothschild, l’acteur Gregory Peck, le codétenteur de la compagnie Microsoft, Paul Allen, et le compositeur Andrew Lloyd Webber.

Tout cela fit s’envoler le prix de l’immobilier sur le car Ferrat à des sommets astronomiques. Le prix du mètre carré rue du Chemin de Saint-Hospice sur le cap Ferrat occupe la seconde place au monde (100 000 dollars), seulement précédé de l’avenue Princesse-Grace à Monaco et devant la légendaire Cinquième avenue à New-York et l’avenue Montaigne à Paris. Les habitants du cap Ferrat ne sont pas dérangés par le bruit du chemin de fer, c’est pourquoi  le meilleur moyen de visiter la presqu’île est la voiture ou la promenade à pied sur le sentier qui s’étire le long de la mer sur 10 kilomètres.

Ces lieux ont été « ouverts » pour les estivants par le roi de Belgique Léopold II, qui en 1902 fit construire pour sa favorite Caroline Lacroix une villa de luxe un peu plus à l’Est de Villefranche. Aujourd’hui, il s’agit de la villa la plus chère du monde. Au milieu du XXe siècle son propriétaire était l’industriel italien Giovanni Agnelli. La villa de Léopold, réputée pour ses proportions royales, est placée sous la protection de l’État français en tant que monument historique et culturel. Pour les amateurs de cinéma, elle est connue pour les films glamour de la période d’après-guerre, tels que Les Chaussons rouges (1948) et La Main au collet (1955). En 2008 il y eut des annonces selon lesquelles la villa de Léopold avait été acquise par Mikhaïl Prokhorov pour un demi-milliard d’euros, plus tard cette transaction fut annulée.

Au début du XXe siècle, le propriétaire foncier le plus important sur le cap Ferrat était la couronne de Belgique. 

Outre la villa de Léopold, la villa Ephrussi de Rothschild est particulièrement réputée, elle est sous protection de l’État en tant que monument  d’art et d’histoire.

La villa Ephrussi de Rothschild est située sur la presqu’île Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la Côte d’Azur française. Elle fut construite entre 1905 et 1912 par la baronne Béatrice de Rothschild.

Au sein de la famille de banquiers Rothschild, il y avait une règle indérogeable : seuls les hommes pouvaient s’occupaient de l’entreprise familiale. C’est pourquoi les femmes trouvaient des occupations dans d’autres domaines : les activités caritatives, la collection d’artefacts de l’art, le mécénat etc. La baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild est connue pour avoir fait construire une villa sur la Côte d’Azur en France et où elle rassembla une collection unique de tableaux, sculptures, meubles et porcelaines des XV-XVIIIes siècles.

Béatrice  est née dans l’une des plus riches familles d’Europe, elle était la fille d’Alphonse de Rothschild, membre de la branche française de la dynastie. Tout comme son père, Béatrice aimait collectionner les œuvres d’art et les objets de luxe. En 1883 elle se maria avec le banquier et magnat du pétrole Maurice Ephrussi, issu d’une riche famille émigrée d’Odessa à Paris. Béatrice n’avait pas une vie de famille heureuse : après une maladie, la baronne ne put avoir d’enfant, de plus Maurice fit faillite et s’endetta à cause son addiction pour les jeux de hasard. Après 21 années de vie commune, les époux divorcent.

La création d’un « paradis sur terre »  sur la Côte d’Azur en France devint pour la baronne Ephrussi de Rothschild un vrai apaisement et le sens de toute sa vie. Après le décès de son père en 1905, la baronne hérita de 700 millions et acquit 7 hectares de terre sur le cap Ferrat, entre Nice et Monaco. Le roi belge avait des vues sur cette même parcelle, mais la baronne le devança. L’endroit ne fut pas choisi par hasard : grâce aux hivers doux de la Riviera française, l’élite internationale s’y retrouvait. Le paysage pittoresque autour du détroit, ainsi que la proximité de Nice et Monte-Carlo séduisaient la haute société.

La construction de la villa dura 7 ans, durant cette période Béatrice changea environ 20 fois d’architectes. C’est précisément la raison pour laquelle la villa conjugue des éléments espagnols, vénitiens, lombards et toscans. La façade du bâtiment  est réalisée dans le style des palais italiens de l’époque de la Renaissance, et autour de lui s’étend un parc paysager sur deux niveaux, divisé en neuf jardins stylisés : français, japonais, espagnol, provençal, florentin, de Sèvres, un jardin de sculptures en pierre, de plantes exotiques et  des roseraies. L’expérience tirée des nombreux voyages de madame Ephrussi de Rothschild et les traditions historiques se sont exprimées au travers des projets de ces jardins dont la conception reposait sur les thèmes « Culture » et « Collection d’œuvre d’art ».

L’ensemble des 7 ha du territoire sur la corniche rocheuse a été nivelé et remblayé avec de la terre végétale. Un système d’irrigation été prévu. C’est ainsi qu’apparut le « jardin-bateau ». Ses terrasses rappellent le pont d’un élégant navire de croisière au-dessus duquel la villa se dresse telle la passerelle du capitaine.

En 1912 la villa Ephrussi de Rothschild, appelée Île de France par Béatrice, accueillit ses premiers hôtes. Le nom de la villa et le style de la maison s’expliquent autant par le voyage de madame Ephrussi à bord d’un navire du même nom que par sa couleur préférée qu’était le rose.

Au sud, un jardin formel à la française dans le style créole avec des palmiers et des agaves se terminant par la Colline de l’Amour, s’ouvre aux visiteurs. Les trois jardins suivants ont été aménagés selon l’esprit de l’époque. Le lapidaire  (jardin de modèles de lettre lapidaire : écriture ancienne réalisée sur des dalles de pierre) contient des fragments architecturaux et des statues dispersés dans un « désordre » bien réfléchi. Une pagode en céramique décore le jardin japonais et des sentiers escarpés remontent au jardin exotique autour d’impressionnants cactus.

L’ « ancien » jardin rose est décoré de massifs  et de terrasses en éventail autour du pavillon  hexagonal. Des roses bouclées recouvrent les colonnes. Au fond du jardin des oliviers et des aloès ont poussé. Le jardin provençal descend vers la côte orientale tandis que des sentiers s’entrelacent à travers les bosquets de pins  du jardin anglais. Cette zone naturelle avec une petite colline porte en elle l’esprit du jardin paysager.

L’escalier d’eau mène au canal et au bassin dans lequel se reflète la maison rose réalisée dans le style italien « confiserie ». Les larges sentiers de gravier blanc soulignent les parterres symétriques. C’est ce à quoi ressemblait  la salle de bal en fleurs pour les passagers de la première classe sur le paquebot Île de France, conçu par le successeur de Le Nôtre, Achille Duchêne (1866-1947). C’est précisément de ce paquebot, sur lequel a voyagé la baronne que provient le nom de sa maison.

La baronne était une fervente collectionneuse, elle rassemblait dans sa maison des œuvres d’art uniques de l’époque du Moyen-Âge et de la Renaissance et les disposait par ordre chronologique. Béatrice créa le salon Louis XV avec des fauteuils de cette époque, une toile de Pellegrini, Phaéton, et des Gobelins de Don Quichotte ; le salon Louis XVI avec des tapis de la chapelle royale de Versailles et de la Grande galerie du Louvre ; le salon de la porcelaine avec une importante collection d’œuvres de la manufacture de Sèvres et de Vincennes et un vase ayant appartenu à la marquise de Pompadour ; un salon avec des aquarelles de l’artiste Fragonard, et gardait dans ses appartements de nombreux costumes du XVIIIe siècle, le secrétaire de Marie-Antoinette et d’autres objets rares.

Après le décès de Béatrice en 1934, la villa et tous les objets d’art qu’elle recélait  du domaine français furent transmis par testament de la propriétaire à l’Académie française des Beaux-Arts. Aujourd’hui, la villa est un musée ouvert aux visiteurs.